14 février 2015

La pliométrie est-elle une erreur pour le boxeur?

En fait, si vous faîtes de la pliométrie, vous êtes probablement plus lent et moins explosif que vous ne devriez l'être sur le ring...voyons pourquoi:

Un des objectifs majeurs dans la préparation physique du boxeur est l’amélioration de la force explosive.
J’ai développé dans des articles précédents la difficulté et les interférences qui pouvaient exister avec la progression d’autres qualités physiques importantes.

L’équilibre de l’entraînement est fragile, il est facile de développer au détriment d’autre chose. Dans tous les cas, le travail doit être individualisé car chaque athlète est différent, mais ça tout le monde le sait…

La mise en pratique est moins aisée…

Donc on disait que la force explosive (on peut dire si vous voulez puissance explosive) est essentielle à la performance du boxeur. Et une des méthodes régulièrement employée est la pliométrie.

La pliométrie est une fantastique méthode pour développer la force explosive et elle est pratiquée depuis longtemps dans de nombreux sports.

Mais son emploi pour les boxeurs me pose problème:

Un travail de pliométrie au niveau des jambes me semble inadapté au vu de l’énergie (et technique) que cela demande. Ce type de travail demande beaucoup de récupération (au moins 72h après un travail intense), ce qui peut interférer grandement sur des séances spécifiques: si vous avez une séance de sparring le lendemain et que vous êtes à 50% de vos capacités sur vos jambes… il y a comme un problème…à moins que vous vous contentiez de l’à-peu-près…

Certains sports mettent en place des blocs de préparation (planification en macro et microcycles) et ces blocs recouvrent souvent plusieurs mois. La pliométrie est alors planifiable.
Ce qui n’est pas le cas pour un boxeur car la préparation d’un combat se met en place souvent sur 6 semaines, voire 4 et je le vois souvent.

Donc c’est hors de question d’utiliser de la pliométrie sur un laps de temps aussi court. Si le boxeur avait une préparation planifiée comme on le voit en athlétisme, ce serait possible pour certains qui ne boxent que 2 fois par an, mais ces longues planifications ne sont pas du tout dans les habitudes.

Même problème concernant le haut du corps, les bras et les épaules: à court terme faîtes de la pliométrie si vous voulez être plus lent !
A moins que vous ayez du temps pour digérer le travail pour qu’il n’y ait pas d’interférences dans les entraînements de boxe.
Le seul type de travail que je m’autorise est l’utilisation de médecine balls: mais on se concentre surtout sur la technique du mouvement et sur la synergie des actions musculaires; le travail maxi est possible à très faible volume si la technique est maîtrisée. Ce sont aussi des exercices complets où les transferts sont importants.

Cette réflexion est basée sur mon expérience, car 9 fois sur 10 un boxeur qui vient me voir n’a seulement que 4 semaines, 6 semaines dans le meilleur des cas avant un combat. La préparation doit alors être très stratégique. Il est possible d’améliorer sa force explosive sur un laps de temps très court, je l’ai observé, mais il faut sortir des sentiers battus et ne surtout pas appliquer certains exercices (de pliométrie entre autres). Si vous n’êtes pas sûr de ce que vous faîtes il vaut mieux souvent se cantonner sur le spécifique… boxez!

PS- Si vous êtes intéressez par la préparation physique spécifique boxe et sports de combat: Knockout Conditioning (sortie le 15 Mars) par Stephane Dogman et Dominique Paris

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